Sous de fortes chaleurs, transpirant à grosses gouttes, Ayi sillonne le grand marché de Lomé pour vendre du pain. Moqué à tort pour son activité jugée « de femme », le jeune vendeur ambulant en fait plutôt une force et ambitionne créer plus tard, sa propre boulangerie. Togotopnews l’a suivi, le temps d’un après midi.
Il va dans un sens puis dans l’autre, encore et encore. Marchandises sur la tête, sachets à la main, Ayi arpente les allées du marché d’Adawlato, le plus grand centre commercial de Lomé. Il regarde tantôt à gauche, tantôt à droite, vigilant, prêt à bondir dès qu’une main se lève pour l’appeler. « Il faut être à la fois habile et attentif. Tu dois guetter les gens. Sinon tu ne peux pas vendre ici », explique-t-il.
Devant l’étalage d’un client fidèle, un arrêt s’impose pour prévenir. « Le vendeur du pain est là. Veux-tu acheter ? » La réponse à cette question mille fois répétée par jour, n’est toujours pas affirmative. Parfois, il faut insister surtout en cette période de crise sanitaire, cratérisée par une mévente généralisée. « Avant les choses allaient mieux. Mais depuis l’arrivée de la Covid 19 au Togo, je connais la mévente. Il y a beaucoup de personnes qui achètent à crédit. Vous voyez tous ces noms, ce sont des gens qui me doivent de l’argent », dit-il, feuilletant le cahier de créanciers.
Le jeune Ayi exerce cette activité depuis 5 ans. Un commerce ambulant qui est son gagne-pain. N’ayant pas fait de longues études, faute de moyens, il a vite compris la nécessité de se battre dans la vie. Très dynamique, le jeune s’adonne à fond à son travail. Chaque jour, il se lève à 4 heures du matin pour être prêt, avant l’arrivée du livreur vers 5 heures 30. Déjà à 7heures, Ayi est au grand marché, pour le faire le premier tour de vente qu’il finit à 11 heures. Il retourne se reposer à midi à la maison pour reprendre à 14 heures et terminer à 18 heures. Pour aller au marché, le jeune s’y prend à pieds, ce qui lui permet de vendre en chemin.
Avant d’opter pour la vente du pain, Ayi a en effet travaillé dans une société de la place. Un emploi temporaire qui ne saura durer que quelques temps. Le jeune a ensuite appris le métier de coiffeur, mais cette activité ne lui permettait pas de joindre les deux bouts. C’est ainsi qu’il a décidé de vendre du pain.
Pour Ayi, le plus dur, ce sont les regards, jugements, critiques et moqueries. « Il y a des gens qui se moquent de moi ; il y a en a qui me disent que je ferai mieux d’aller apprendre un métier d’homme au lieu d’exercer une activité de femme. Pour la petite histoire, mon ex-copine m’a même quitté quand j’ai commencé par vendre du pain (rire). Mais je ne peux pas arrêter mon travail à cause des gens. C’est grâce à ce travail que je vis. Au contraire, je vais leur prouver qu’ils ont tort », affirme le vendeur ambulant qui ambitionne créer un jour sa propre boulangerie.
Toute personne qui souhaiterait soutenir ce jeune dans ce projet sera la bienvenue. Il livre aussi à domicile à qui le souhaitent. Pour tout fin utile, contactez le au 00228 92 49 76 64.
Hélène DOUBIDJI