2Les définitions existantes sont très nombreuses : en 1952, les anthropologues américains Alfred Kroeber et Clyde Kluckhohn en avaient compté plus de 150… L’Unesco en donne la définition suivante : « Dans son sens le plus large, la culture peut aujourd’hui être considérée comme l’ensemble des traits distinctifs, spirituels et matériels, intellectuels et affectifs, qui caractérisent une société ou un groupe social. Elle englobe, outre les arts et les lettres, les modes de vie, les droits fondamentaux de l’être humain, les systèmes de valeurs, les traditions et les croyances ».
3On a là une définition anthropologique qui comprend toutes les facettes du monde mental et matériel d’un groupe. À cette définition qui dresse un constat de l’existant, on peut en opposer une autre, dynamique, issue de la philosophie des Lumières et mise en œuvre par André Malraux : « La culture, c’est la capacité qu’a l’homme à se dépasser pour atteindre à une entière et pleine réalisation de lui-même, une transcendance en quelque sorte. Par la culture, l’individu s’arrache à sa condition première et cherche à se hisser à des sphères jusque là hors d’atteinte. Pour cela, la culture est affranchissement et illumination [1][1]Serge Chaumier : L’Inculture pour tous. La nouvelle utopie des….» Cette seconde définition est celle de la « culture cultivée », qui postule que toutes les productions humaines ne se valent pas et que certaines ont la faculté de nous aider à atteindre ce dépassement de soi. En d’autres termes, elles ont une valeur universelle, puisqu’elles contribuent à faire atteindre ce but à l’Homme, transcendant ses particularités. Ces productions doivent donc être accessibles et compréhensibles à un maximum d’êtres humains, d’où la mise en place de dispositifs que sont l’école – avec, entre autres, l’étude des « grands textes » –, les musées – avec l’exhibition des chefs d’œuvre de l’art –, et plus récemment, la décentralisation culturelle – avec la multiplication des centres culturels, dramatiques… – et la démocratisation – avec le développement de la médiation censée faire le lien entre les œuvres et la population. Or, cette démarche est remise en cause depuis plusieurs décennies par les ethnologues et les sociologues – au premier rang desquels Pierre Bourdieu – qui posent la question des critères de distinction des chefs-d’œuvre de l’humanité. Les enquêtes et les analyses de Bourdieu montrent qu’effectivement l’universalisme revendiqué se retrouve bien peu dans la réalité et que les différentes classes sociales dans un pays et les différentes populations dans le monde conservent des références et des pratiques culturelles très cloisonnées. Bourdieu en concluait que l’école avait un rôle essentiel à jouer dans le développement chez les jeunes d’une appétence pour la culture.